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CULTURE FLASHBACK : Blade 2

Back to basics

Tout juste auréolé du succès critique de The Devil’s Backbone,  Guillermo del Toro est embarqué sur le projet Blade 2 dans l’espoir de donner un peu d’épaisseur et de personnalité à la franchise du vampire killer de la maison Marvel. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le talentueux mexicain ne se fait pas prier pour s’approprier le bousin. Nous sommes en 2002 et le revival des adaptations initié par le X-Men de Bryan Singer bat son plein. Le succès modeste du premier opus de Stephen Norrington 4 ans plus tôt laisse une marche de manoeuvre conséquente pour un redémarrage en douceur, malgré le caractère codifié de sa formule action-horreur-vampires-tatanes dans la gueule.

Tandis que Del Toro avait déjà en tête le projet Hellboy, future franchise qui résumera pleinement sa véritable personnalité, il est assez facile de comprendre ce qui a pu l’attirer dans la réalisation de Blade 2. Le premier film rejouait l’éternel combat des monstres et des hommes avec un personnage central (Wesley Snipes) qui faisait la jonction entre les deux camps. L’histoire d’un marginal, un bâtard vengeur inadapté à la vie que pourrait lui apporter l’une ou l’autre de ses familles d’adoption. Un solitaire en somme, dénué de conflit interne mais pourvu d’un charisme à toute épreuve. Et noir de surcroît, ce qui est loin d’être anodin pour une époque où la possibilité d’un Black Panther n’était au mieux qu’une blague de comptoir dans les travées d’Hollywood.

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Le scénario envoie Blade collaborer avec le Bloodpack, un groupe de huit vampires mercenaires dirigés par Reinhardt (le toujours génial Ron Perlman ) afin d’éliminer les Reapers, une nouvelle race monstrueuse. Le build up est assez solide, laissant place au développement d’une multitude de personnages (Asad, Snowman, Nyssa) et d’une love story pas neuneu pour un sou. En résulte un métrage résolument optimiste, bardé de scènes d’actions sous kétamine. Si certaines séquences ont un peu mal vieilli niveau SFX (le combat entre Blade et Nyssa), les chorégraphies sont toujours aussi revigorantes et bien balancées.

Mais le gros kiff de Del Toro sur le film, là où il y inscrit le plus profondément sa marque, réside dans le traitement graphique et ontologique de ses sombres figures. Sa fascination pour le mythe du vampire transpire dans la représentation des Reapers, créatures de l’enfer aux excroissances buccales terrifiantes. Créatures qui occupent d’ailleurs une place de choix dans le panthéon des monstres imaginées par le cinéaste, quelque part entre le Pale Man de Pan’s Labyrinthet le Kroenen de Hellboy. Le fascinant Nomak (Luke Goss), leader de cette joyeuse bande, traduit quant à lui la mise en tension du rétro et du moderne, motifs récurrent du cinéma de Del Toro.

Ce fils prodigue déchu, sorte de proto-Nueda de Hellboy II, est le fruit d’une expérience scientifique ratée qui était censé le mener au sommet de la chaîne alimentaire. Au départ présenté comme l’antagoniste principal, il se révèle bien plus profond et complexe que les crapules de Bloodpack. Leurs morts respectives ne feront que confirmer cette inversement de position, celle de Nomak étant aussi élégiaque que celle de Reinhart brutale.

Bien que la thématique du progrès scientifique ne soit jamais traitée de manière négative chez GDT, elle se pare souvent d’une confrontation avec le passé, indépassable de par l’honnêteté de ses valeurs et le mystère entourant ses traditions séculaires. C’est bien ce brassage qui s’opère en creux dans Blade 2, même s’il n’est malheureusement qu’esquissé, la faute à un cahier des charges incluant montage clipesque et techno du pauvre. En définitive, Blade 2 est indubitablement un film du grand Guillermo, portant en germe des pans entiers de ses obsessions futures, mais qui se retrouve limité par sa logique de franchise lucrative en pleine expansion. Ce que l’immonde Blade Trinity viendra confirmer deux ans plus tard. Histoire éternelle.

BLADE 2 de Guillermo del Toro (1996). Avec Wesley Snipes, Ron Perlman, Luke Goss, Leonor Varela.

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