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CULTURE FLASHBACK: Mystery Men

Back to basics

Pour ce dernier numéro de la saison, Culture Flashback vous emmène aux confins d’un univers étrange où les lois de la raison sont aussi aléatoires que la destinée d’un éléphant dans un champ de mines : la comédie américaine. Have a nice trip !

“When you care what is outside, what is inside cares for you.” Le Sphinx

Mystery Men est une action/comedy basée sur un comics de Bob Burden, édité chez Dark Horse entre 1984 et 2006. Sorti à la toute fin des années 90, le film s’inscrit clairement dans la vague de dynamitage de la comédie américaine initiée par la nouvelle génération du Saturday Night Live (Ben Stiller et Will Ferrell en tête) tout au long des années 2000.

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Cet objet-filmique complètement perché nous présente l’histoire d’une équipe d’aspirant super-héros frappés du bulbe opérant dans les rues de Champion City, une mégalopole à mi-chemin entre la Gotham fluo de Batman Forever et la Mega City Windows 95 de Judge Dredd. Constitué de M. Furieux (Ben Stiller, au sommet de sa connerie), de La Pelle (William H. Macy) et du Fakir Bleu (Hank Azaria), cette équipe de choc se lance à la poursuite de Casanova Frankenstein (Geoffrey Rush) super-vilain ayant enlevé le champion toutes catégories de la ville, le célèbre (et sponsorisé) Capitaine Admirable.

Vous l’aurez compris, en matière de délire régressif et de détournement des codes super-héroïques, Mystery Men n’y va pas avec le dos de la cuillère. Et bordel, qu’est-ce que c’est bon ! Contrairement aux plus récents (et tout aussi excellents) Kick-Ass et Super, aucune logique de déconstruction ici, juste une énorme envie de déconner avec les clichés, de faire péter une palanquée de costumes, décors et personnages improbables et d’empiler les gags à la vitesse d’une sulfateuse.

Que ce soit les colères homériques de M. Furieux, les lancers de fourchettes du Fakir, le costume bardé de sponsors de Capitaine Admirable ou l’inénarrable Sphinx, gourou méxicain New-Age qui a le pouvoir de détruire les armes à feu par la pensée, tout dans Mystery Men est borderline, tout va aux confins du ridicule et constitue au final un univers à la richesse surprenante.

Alors certes, le film n’est pas exempt de mauvais goût (les flatulences de Spleen) et de SFX au rabais mais ces défauts, qui pourraient s’avérer rédhibitoires dans le contexte d’une autre production de ce genre, viennent grandement concourir à son atmosphère WTF et soutenir son rythme infernal. La scène du « casting super héroïque», l’une des plus drôles, en est d’ailleurs le meilleur exemple.

Dans leur volonté de combattre Casanova Frankenstein et ses hordes de sbires disco-funk, les Mystery Men  organisent une audition de choc dans le jardin du petit pavillon de banlieue de La Pelle, dans le but de recruter de nouveaux membres. S’ensuit un enchaînement absolument insensé de super-zéros tous plus fous les uns que les autres : Gaufre-Man, Ballerina-Man, une baston de fausse Wonder Women et l’impayable PMS Avenger qui ne bosse que 4 jours par mois.

Cette déferlante de personnalités improbables ridiculement mis en exergue par une série de contre-plongées héroïques nous dit quelque-chose de l’élasticité des thématiques liées aux comics. Même traité de manière transgressive, un personnage issu d’un imaginaire aussi référencé a une légitimité propre si on lui donne la chance d’exister.

Inutile de préciser que Mystery Men fût un échec commercial cuisant au moment de sa sortie. Dans une époque où les seuls efforts d’adaptations de comics notables étaient les Batman de Joel Schumacher (ouch!), le film n’avait que très peu de chances de trouver son public. Ironiquement, c’est avec un autre team de super-héros que le genre allait connaitre son véritable envol l’année suivante: les X-Men de Bryan Singer. Le reste appartient désormais à l’histoire. Et Mystery Men, à tous les amateurs de délires secoués.

MYSTERY MEN, de Kinka Usher (1999). Avec Ben Stiller, William H. Macy, Geoffrey Rush, Paul Rubens.

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