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La paternité au sein des comics de Jeff Lemire – ITWV of Jeff Lemire 5/9

Abordons un sujet récurrent dans les comics de Jeff Lemire !

Après avoir analysé la scénarisation en histoires parallèles de l’auteur canadien Jeff Lemire, nous allons nous pencher aujourd’hui sur un autre aspect qui forme son style. En effet, les comics de Jeff Lemire ont un sujet quasi-récurrent : celui de la paternité. Qu’il soit le sujet principal ou simplement un élément de fond, la paternité a vraiment une place centrale dans l’oeuvre du Canadien, et ce quelque soit le type de paternité. Nous vous proposons de détailler tout cela aujourd’hui.


Le père de sang

Naturellement, quand on pense à la paternité, on pense d’abord au lien de sang, le lien biologique entre le père et l’enfant. La paternité à travers un père de sang se retrouve dans plusieurs comics de Jeff Lemire et l’un des exemples les plus mainstream reste la série Animal Man chez DC Comics.

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Animal Man suit le héros éponyme et, déjà dans le comics original des années 1990 de Grant Morrison, cette série par Lemire publiée en 2011 et dessinée par Travel Foreman raconte les aventures de ce super-héros bien particulier. Buddy Baker alias Animal Man est un super-héros qui choisit d’être un héros et n’a pas vécu de tragédie familiale pour y arriver. Ceci est plutôt l’inverse même, car l’histoire d’Animal Man ne suit pas seulement les activités super-héroïques mais surtout la vie familiale de Buddy Baker, qui est le père d’une petite fille. Lemire va même plus loin, dans le sens où l’intrigue principale voit la fille de Buddy, Maxine, se révéler des capacités surnaturelles et devenir l’intrigue principale du comics, voyant un père aimant tenter d’aider sa fille à déceler le mystère de ces nouvelles capacités.

Dans Family Tree, écrit par Jeff Lemire et dessiné par Phil Hester, on suit à nouveau une histoire surnaturelle avec une forte présence de la paternité. Toutefois, ici, ce ne sont non pas deux mais trois générations qui sont les protagonistes de l’histoire. Loretta est une mère célibataire qui vivait une vie tranquille jusqu’à ce que sa fille, Megan, devienne victime d’une drôle de maladie, se transformant progressivement en arbre. Partant sur la route avec Megan pour trouver un remède, elle croise le chemin de son propre père, qu’elle avait perdu de vue depuis des années et qui décide de les aider, semblant en savoir bien plus qu’il ne parait sur le cas de Megan. On est ici à l’inverse de la paternité présente dans Animal Man, vu que le comics analyse en filigrane cette relation brisée qui existe entre Loretta et son père, avec un point de vue davantage axé sur la fille.

Qu’en est-il par contre si ce lien père-enfant n’est pas juste brisé mais n’est plus existant à cause de la mort d’un des deux ? C’est aussi un cas de figure qui est abordé par Jeff Lemire dans certains comics, comme Snow Angels. Dans ce comics original de ComiXology dessiné par Jock, le lecteur suit les aventures de Milliken et Mae, qui vivent dans une région enneigée et partent en escapade avec leur père, jusqu’à ce que celui-ci se fasse cruellement tuer par un monstre de la région. L’aventure de survie commence alors réellement pour les deux jeunes filles, qui doivent en plus faire face au deuil qui les envahit après avoir vu leur père mourir.

De son côté, Mazebook aborde le deuil de l’autre point de vue. Will vit une vie qui a perdu tout son sens depuis que sa fille est décédée. A mi-chemin entre surnaturel et parcours de deuil, Will se retrouve à vouloir retrouver sa fille au centre d’un labyrinthe inachevé par cette dernière. Il s’agit ici d’une oeuvre magnifique, écrite et dessinée par Lemire, qui aborde la paternité sous un angle peu abordé mais extrêmement humain.


Le père créateur

Certains comics de Jeff Lemire plongent dans la science-fiction et dans ceux-ci, on ne parle pas d’un père biologique mais d’un père créateur. Ainsi, dans le best-seller Descender, dessiné par Dustin Nguyen, on suit le robot TIM-21, un androïde servant de compagnon de jeu aux enfants dans une famille qui, lorsque sa famille disparait, se retrouve à vivre de nouvelles aventures. Dans un monde où les robots mis la main sur le contrôle du monde, TIM-21 fera notamment la rencontre de son créateur, une rencontre qui sera pleine de désillusions.

Dans un autre style, Frankenstein: Agent of S.H.A.DE. suit le personnage de Frankenstein chez DC Comics. Dans cette série dessinée par Alberto Ponticelli, Frankenstein se retrouve envoyé dans une nouvelle mission du S.H.A.D.E. avec de nouveaux équipiers monstrueux. Le directeur du S.H.A.D.E. n’est autre que le créateur de Frankenstein et le comics explore en filigrane la relation – assez mauvaise – entre Frankenstein et son père.


Le père adoptif

D’autres relations paternelles qu’on oublie souvent sont les pères d’adoption. Ce type de relation amène souvent son lot de complications dans les histoires et Lemire n’échappe pas à la règle. Déjà dans l’un de ses premiers comics, Essex County, Lemire aborde déjà l’adoption. L’une des histoires narrées et dessinées par Lemire dans cette trilogie suit un jeune garçon dont les parents sont décédés et qui se retrouve à vivre chez son oncle dans la petite bourgade d’Essex County. L’histoire est une magnifique étude de la relation humaine entre les deux protagonistes et l’incompréhension qui peut exister des deux côtés.

Cette incompréhension peut parfois mener à des conflits, et c’est ce qui est notamment abordé dans la mini-série de DC Comics Robin & Batman, dessinée par Dustin Nguyen. Le comics relate les premières années du jeune Dick Grayson, adopté et entrainé par Batman pour devenir Robin. Celui-ci décrit ainsi les différences fondamentales entre Dick Grayson et Bruce Wayne en terme de fonctionnement et de personnalité, menant à des désaccords constants entre les deux justiciers au cours de la formation du fils adoptif de Bruce Wayne.

Enfin, dans un tout autre style et dans un exemple moins notable, dans Justice League United, dessiné par Mike McKone, le personnage de Martian Manhunter se retrouve à adopter une jeune fille alien. Ceci n’est pas le centre de l’intrigue, mais il relativement notable de voir un super-héros prendre la décision d’adopter un enfant, cas peu courant dans les comics.


Le père de substitution

Ce qui arrive par contre plus régulièrement dans les comics est la présence d’une figure paternelle de substitution. Dans la mini-série Sentient écrite par Lemire et dessinée par Gabriel Hernandez Walta chez TKO Studios, c’est l’ordinateur central d’un vaisseau spatial qui fera officie de figure parentale (l’ordinateur apparait comme une femme), s’occupant des enfants à bord après que l’intégralité des adultes ait été décimée.

Dans un genre totalement différent, la série Old Man Logan suit le personnage éponyme, une version future de Wolverine qui se retrouve coincée dans le passé et décide d’empêcher le futur dystopique dans lequel il vivait. A deux reprises, le lecteur verra Logan devenir un père de substitution, notamment avec une jeune fille Maureen dans la série Old Man Logan, mais aussi avec Rachel Summers dans Extraordinary X-Men, également écrite par Lemire.

Pour terminer, le meilleur exemple de père de substitution reste le comics Sweet Tooth, écrit et dessiné par Lemire. Dans celui-ci, le jeune hybride humain-cerf Gus se retrouve seul et pourchassé après le décès de son père. Il fera la rencontre de Jeppard qui, au fil de l’histoire, deviendra véritablemetn un père de substitution pour Gus, qu’il traitera et protègera comme son fils. Ceci est aussi un parfait exemple de l’omniprésence de la paternité dans l’oeuvre de Lemire car Jeppard est aussi un homme qui a perdu son fils, qu’il croyait mort, et celui-ci se rachète ainsi en quelque sorte en devenant une personne importante dans la vie de Gus.

Quelque que soit sa forme, vous aurez donc compris que la paternité est un sujet important pour Jeff Lemire. Il s’agit d’un sujet tellement présent dans son oeuvre que nous aurions pu citer beaucoup plus d’exemples comme Black Hammer, Royal City ou même Bloodshot Reborn. Là où Lemire rend aussi cela intéressant est que chaque cas est différent, il n’y a pas une seule relation paternelle qui se ressemble et la paternité est abordée sous tous les angles et sous toutes ses thématiques.


Le mois prochain, nous continuerons l’analyse de l’oeuvre de Jeff Lemire en s’attardant sur la présence récurrente de monstres dans ses comics. D’ici là, il y aura d’autres numéros de la série Into the Writer-Verse of Jeff Lemire, à commencer par un sixième numéro la semaine prochaine, dans lequel nous vous dresserons une sélection de comics à la fois écrits et dessinés par Jeff Lemire. Soyez au rendez-vous !


Parcourez les comics abordés dans cette analyse

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