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COMICS OUT: User

Comics and pride

Il y a certains comics qui sont uniques en leur genre et, pourtant, parfois méconnus du grand public. C’est exactement dans cette catégorie que s’inscrit l’oeuvre mise en avant aujourd’hui dans notre chronique Comics Out. Comics acclamé pour sa représentation LGBTQ+, découvrez sans plus attendre User.


Qu’est-ce que User ?


User est une mini-série de comics en trois numéros publiée à l’origine sous le label (désormais arrêté) Vertigo de DC Comics. Etant une oeuvre totalement indépendante et détenue par ses créateurs, elle a ensuite en rééditée en format relié en 2017 chez Image Comics après la fermeture du label Vertigo.

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User est écrit par l’autrice Devin Grayson, dont il s’agit au final de l’une de ses rares oeuvres indépendantes. Elle a effectivement été une grande habituée de DC Comics durant sa carrière jusqu’à présent, ayant écrit sur les comics The Titans, Catwoman, Nightwing ou encore Batman: Gotham Knights. L’autrice avait aussi écrit dans une moindre mesure chez Marvel (Black Widow, X-Men: Evolution) avant de faire une pause pendant plusieurs années. Aujourd’hui, Grayson est de retour sur des oeuvres indépendantes avec le roman graphique Rewild chez Dark Horse Comics.

Devin Grayson fait équipe sur User avec deux dessinateurs, dont le plus connu est sans doute Sean Phillips. Le dessinateur britannique est aujourd’hui essentiellement reconnu pour son travail sur les comics Sleeper et Criminal, dont il est le créateur avec Ed Brubaker. Phillips a aussi travaillé chez les éditeurs majeurs, ayant notamment dessiné Hellblazer chez DC et la mini-série devenue culte Marvel Zombies chez Marvel.

A côté de Phillips, User est aussi dessiné par John Bolton, un autre artiste britannique. Même si moins connu que Sean Phillips, John Bolton a tout de même une longue carrière derrière lui, ayant notamment dessiné la mini-série Batman: Manbat et les comics Army of Darkness et The Evil Dead situés dans l’univers cinématographique du même nom.

User est un comics qui se déroule durant les années 1990, à une époque où internet n’était pas encore celui qu’on connait aujourd’hui alors que les jeux multi-joueurs de role-play en ligne (MMORPG) étaient en plein essor. C’est par ce biais qu’on apprendra à connaitre les personnages, alternant entre deux styles graphiques bien distincts pour différencier la vie réelle de la vie en ligne.

La mini-série a été acclamée pour son scénario et son dessin, mais aussi pour sa représentation LGBTQ+, ayant même été nominée en 2002 pour un GLAAD Media Award aux côtés d’autres gros titres, Strangers in Paradise de Terry Moore, Buffy the Vampire Slayer, Top 10 d’Alan Moore et le vainqueur, Green Lantern de Judd Winick. Même dans notre chronique Comics Out, User tient une place particulière car elle est l’un des rares comics à traiter en même temps de coming out d’un point de vue de l’orientation sexuelle et d’un point de vue de l’identité de genre. Le mieux est encore de vous expliquer tout de suite en quoi ce comics aborde ces deux sujets.


User : une étude de la recherche d’identité de genre et d’orientation sexuelle à travers les jeux vidéo


Meg Chancellor est une jeune fille d’une vingtaine d’années vivant avec son père et sa petite soeur. Coincée dans un boulot qui ne la passionne pas, Meg doit aussi tout gérer à la maison. Depuis le départ soudain de sa mère, quittant le foyer familial, il y a plusieurs années, Meg est devenue en quelques sorte la mère de substitution de la famille alors que son père, déprimé depuis et sans emploi, ne fait rien pour entretenir la maison et laisse consciemment sa plus jeune fille mineure se faire violer par son meilleur ami. Un jour, alors que cette situation devient vraiment de trop pour elle, Meg trouve un moyen de s’évader mentalement en s’inscrivant sur un jeu de rôle en ligne après suggestion d’un collègue.

Meg y prendra rapidement goût au point d’être accro au jeu en ligne et d’y passer ses nuits. Ce nouveau loisir lui vaudra des problèmes supplémentaires, ratant des jours de travail et quittant finalement son job car la vie est finalement bien mieux pour elle sur internet que dans la vraie vie. Après que son père lui ait interdit l’accès à l’ordinateur après une facture internet trop élevée, Meg quitte le domicile familial avec sa soeur en direction de chez leur grand-mère qu’ils n’avaient plus vue depuis des années, pour y découvrir que leur mère y a toujours vécu depuis son départ.

Mais au-delà de sa vie en tant que telle, cette expérience en ligne changera aussi Meg Chancellor dans le plus profond de son être, découvrant des choses sur elle-même qu’elle ignorait. Dans le jeu, au départ pour trouver un pseudo loin de lui ressembler, Meg est Sir Guil, un chevalier en armure et donc un homme. Au fur et à mesure qu’elle joue, Meg se rend compte que non seulement elle préfère la vie en ligne que dans la vraie vie, mais elle a surtout l’impression d’apprécier davantage être un homme qu’une femme. Ce questionnement de genre se combinera aux aventures dans le jeu qui verra Sir Guil débuter une relation homosexuelle avec un autre chevalier, au point de devenir un confident hors-ligne et que des sentiments émergent chez Meg pour ce valeureux chevalier en armure.

Au milieu de tout son drame familial, Meg rencontre finalement l’alter ego de ce fameux chevalier, qui s’avère en réalité, tout comme elle, être une femme du nom de Tina. Les deux jeunes femmes assument leurs sentiments réciproques en-dehors du jeu et partent vivre leur propre histoire.


En quoi User est une bonne représentation de la communauté LGBTQ+ ?


User est, comme nous l’avons dit plus haut, une histoire qui tient une place particulière dans Comics Out, car il s’agit ici d’un des meilleurs exemples de représentation LGBTQ+ et même un exemple unique en son genre pour ce qui concerne les sujets abordés.

Il est en effet assez rare qu’une histoire – et d’autant plus un comics en seulement trois numéros – aborde à la fois le thème de l’identité de genre et l’homosexualité. L’identité de genre, tout d’abord, est ici particulièrement bien amenée car l’histoire démarre avec une absence de questionnement à ce sujet et le lecteur voit ensuite tout le parcours de questionnement et le dénouement de celui-ci. Il s’agit ici d’un exemple particulièrement rare sans doute, de voir une femme découvrir qu’elle se sent plus homme que femme et l’accepter et l’assumer aussi rapidement, alors que certaines personnes prennent parfois toute une vie pour assimiler l’idée. Toutefois, le questionnement et le dénouement son amenés avec une justesse rare, permettant de se mettre à la place du personnage, dans un mélange de révélations, de sentiment de culpabilité et d’imaginaire, avec un soupçon de féminisme.

L’homosexualité est même abordée à travers deux angles. Dans le jeu, Sir Guil (l’alias de Meg) a une relation homosexuelle avec un chevalier. Au départ pour le jeu, Meg s’éprend rapidement de ce joueur, pensant qu’il s’agissait d’un homme. Au final, tout comme elle, il s’agit aussi d’une fille et c’est là que le comics arrive à parfaitement illustrer l’idée suivante : Meg, tout comme d’autres personnes dans la vie, tombe amoureuse d’abord de l’esprit avant du corps. Il serait difficile du coup de définir l’orientation sexuelle de Meg – surtout vu son identité de genre encore assez floue – mais c’est là où le comics excelle, dans la transmission d’idée sans donner toutes les réponses.

User amène des idées sur la table : il est possible de ne pas se sentir bien dans le sexe que la nature nous a attribué physiquement ; il est possible d’aimer quelqu’un du même sexe ; il est possible d’aimer quelqu’un sans l’avoir encore rencontré et qu’importe le sexe de l’autre. Le comics introduit ses idées d’une très belle manière et s’en tiendra à cela ; pas besoin de réponse claire à l’issue du questionnement de Meg Chancellor. Qu’est-ce que cela puisse importer qu’elle soit hétéro-, homo-, bi- ou pansexuelle ? Cela ferait-il avancer l’histoire de savoir si Meg se considère maintenant comme un homme, toujours comme une femme ou un peu des deux ? Les réponses à ces questions n’apporteraient rien de plus car l’idée principale est là : Meg s’accepte comme elle est et embrasse le changement. Au final, c’est ce qu’il y a de plus important et c’est pour ça que User représente merveilleusement bien les multiples facettes de la communauté LGBTQ+.


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Chaque mois, nous produisons aussi six autres chroniques variées : Old But Gold, qui présente des comics primés aux Eisner et Harvey Awards (le premier numéro : Kings in Disguise) ; Know Your Classics, qui présente des comics qui ont marqué l’industrie du comic book (premier numéro : Spider-Man par Todd McFarlane) ; Power Girls, qui se centre sur les personnages féminins des comics (le mois dernier : Silk)The Dark Side, qui présente les vilains des comics (le mois dernier : Chameleon) ; Agent Double, qui présente des acteurs/actrices ayant joué au moins deux rôles de comics (le mois dernier : Samuel L. Jackson) ; et le Top 5, qui présente un sujet différent chaque mois, comme le TOP 5 des vilains de Spider-Man le mois dernier.

Et si vous aimez notre contenu original, ne manquez pas nos séries d’articles UDC Original comme Les Armures d’Iron Man dans le MCU, la série qui compte déjà deux saisons PubliStory, et la récente Into the Writer-Verse.

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