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OLD BUT GOLD: Batman – The Killing Joke

Les pépites du passé

Le deuxième numéro d’Old But Gold est là ! Après Kings in Disguise le mois passé, nous allons nous pencher sur un comics primé la même année mais plus connu du grand public. Ce comics – vous l’aurez vu dans le titre – c’est Batman: The Killing Joke. Etes-vous sûr de le connaitre ?


Batman: The Killing Joke : de quoi parle-t-on ?


Batman: The Killing Joke est un one-shot publié chez DC Comics pour la première fois en mars 1988. Le comics a cependant été réédité à plusieurs reprises dans diverses versions au fil des ans, que ce soit en version Deluxe, Absolute ou noir et blanc. Chez nous, la version française est passée entre les mains de plusieurs éditeurs, publiée pour la première fois aussi tôt qu’en 1989 dans le magazine Comics USA avant d’être réédité la même année en version poche chez J’ai Lu, à chaque fois sous le titre Souriez !.

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Il aura ensuite fallu attendre 2000 pour voir le comics édité en VF dans un format plus habituel, alors publié chez Delcourt sous le titre Rire et mourir. Lorsque Panini Comics obtiennent les droits pour DC Comics, ils rééditeront l’oeuvre sous le titre plus proche de l’original The Killing Joke en 2009 avant de voir l’éditeur perdre les droits de la license en 2011, droits qui seront rachetés par le groupe Dargaud, qui lancera Urban Comics. Le comics est publié chez Urban dans différentes versions depuis 2014 sous le titre Killing Joke.

Ce one-shot raconte une histoire centrée sur le super-héros Batman et son ennemi juré, l’iconique Joker, ainsi que les alliés de Batman, le Commissaire Jim Gordon et sa fille Barbara Gordon. Batman: The Killing Joke raconte les origines du Joker, dépeignant l’antagoniste comme un homme quittant son boulot dans une entreprise de produits chimiques pour devenir comédien mais échouant lamentablement dans cette carrière de comique. N’arrivant pas à subvenir aux besoins de sa femme tombée enceinte, il accepte de guider deux voleurs dans l’usine où il travaillait pour cambrioler l’entreprise d’à côté. La sécurité étant alertée, c’est finalement Batman qui arrive pour appréhender les voleurs et, tentant de lui échapper, le comique raté tombe dans une cuve de produits chimiques qui change son apparence, lui rendant la peau blanche, les lèvres rouge vif et les cheveux verts. Apprenant lors de la même journée par la police que sa femme et son enfant à venir sont morts dans un accident, l’homme devient fou et se fera appeler le Joker par la suite.

Dans le temps présent, Batman: The Killing Joke voit aussi le Joker tenter de rendre fou le Commissaire Gordon en ayant tiré une balle dans la colonne vertébrale de sa fille Barbara, secrètement la super-héroïne Batgirl, et en lui montrant des photos de sa fille mutilée. Cette histoire verra Barbara survivre mais perdre l’usage de ses jambes, menant plus tard à la création de son identité secrète d’Oracle ainsi qu’à un stress post-traumatique récurrent et largement abordé au sein de la série Batgirl de 2011.

Batman: The Killing Joke est aussi considéré comme l’origin story la plus connue du Joker et est crédité pour avoir rendu le personnage beaucoup plus dramatique, façonnant ainsi l’image que le super-vilain aura durant l’Âge Moderne des Comics. L’origine et l’identité du Joker, tant au sein du comics que dans de futures publications comme Batman: Three Jokers, restera cependant non confirmée et volontairement floue encore jusqu’à aujourd’hui.


Les artistes derrière Batman: The Killing Joke


Batman: The Killing Joke est un comics écrit par Alan Moore. L’auteur britannique a entre temps atteint un statut de légende dans l’industrie du comics, produisant certaines des histoires les plus innovantes et osées, ce qui lui a valu de nombreux prix. Débutant l’écriture de comics dans son Angleterre natale à la fin des années 1970, Moore commence à se faire connaitre au début des années 1980 en écrivant pour les magazines 2000 AD et Warrior, qui publieront plusieurs de ses histoires comme D.R and Quinch et The Ballad of Halo Jones, mais aussi l’éditeur Marvel UK, chez qui il popularisera le personnage de Captain Britain.

A la fin des années 1980, Alan Moore fait le saut vers le marché américain des comics et est engagé par DC Comics, où il publiera sa série indépendante V for Vendetta, revisitera le personnage de Swamp Thing et connaitra déjà le succès avec la mini-série Watchmen. Batman: The Killing Joke sera la dernière oeuvre de Moore chez DC, avant que celui-ci ne s’oriente vers davantage de liberté créative, menant à la création d’autres oeuvres primées telles que A Small Killing, From Hell, Lost Girls ou encore d’autres comics produits sous son propre label America’s Best Comics comme Promethea et The League of Extraordinary Gentlemen. Il a depuis arrêté l’écriture de comics depuis 2019.

Batman: The Killing Joke n’a pas été fait par Moore seul évidemment. Le one-shot a en l’occurence été dessiné par Brian Bolland. L’artiste britannique a également débuté sa carrière en Angleterre à la fin des années 1970, se faisant un nom en tant que dessinateur des comics Judge Dredd pour le magazine 2000 AD. Partant à la conquête du marché américain au début des années 1980, son oeuvre la plus connue à l’époque aura été Camelot 3000, la première maxi-série de DC Comics publiée entre 1982 et 1985.

Bolland continuera sur sa lancée en étant couronné de succès avec Batman: The Killing Joke. Par la suite, Bolland travaillera surtout sur ses propres comic strips, Mr Mamoulian, qui furent publiées chez Dark Horse Comics et Caliber entre 1989 et 1997. Il dessinera ensuite des comics dans leur intégralité ça et là, mais se centrera davantage sur le dessin des couvertures uniquement, en réalisant notamment celles des comics Animal Man, The Invisibles et Wonder Woman. Bolland a pris sa retraite en 2012.


Le palmarès


Batman: The Killing Joke a été élu meilleur roman graphique à la cérémonie des Eisner Awards 1989, l’emportant sur Flash Gordon de Dan Barry et Harvey Kurtzmann, Hardboiled Detective Stories de Charles Burns, L’Incal d’Alejandro Godorowsky et Moebius, Li’l Abner d’Al Capp et Silver Surfer de Stan Lee et Moebius.

Le one-shot de Moore et Bolland a aussi été nommé aux Harvey Awards, édition 1989, dans la catégorie “meilleur roman graphique“, où il coiffe au poteau Hardboiled Detective Stories, mais aussi Batman: Year One de Frank Miller et David Mazzuchelli, Brought to Light de Joyce Brabner, Alan Moore, Tom Yeates et Bill Sienkiewicz et Cowboy Wally Show de Kyle Baker.

En tant que one-shot, The Killing Joke a aussi été récompensé comme meilleur numéro lors de la même édition des Harvey Awards, l’emportant sur des numéros de Animal Man de Grant Morrison et Chas Truog, Cerebus de Dave Sims et Gerhard, Concrete de Paul Chadwick, Jam de Bernie Mireault, Love and Rockets de Gilbert Hernandez, Neat Stuff de Peter Bagge et Rocketeer de Dave Stevens, Danny Bilson, Paul Demeo et Henry Mayo.

The Killing Joke aura aussi valu à Alan Moore d’être élu meilleure auteur aux Eisner Awards 1989 et à Brian Bolland d’être élu meilleur artiste ou dessinateur aux Harvey Awards 1989.


Pourquoi Batman: The Killing Joke est-il un classique ?


Batman: The Killing Joke a reçu de nombreux prix, mais pourquoi, encore aujourd’hui, beaucoup le considèrent comme la meilleure histoire du Joker jamais écrite ?

Tout d’abord, au-delà de l’impact que l’histoire a eu sur ses différents personnages, on remarquera que le scénario extrêmement bien ficelé d’Alan Moore est évidemment l’un des éléments qui a fait le succès du comics. Jonglant parfaitement entre l’histoire principale et des flashbacks pour définir l’origine du super-vilain le plus énigmatique de DC Comics, Moore permet de raconter deux histoires qui s’entrelacent et provoquent chez le lecteur des réactions opposées.

Les flashbacks racontent la tragique origine du Joker et servent le but d’Alan Moore avec ce comics : prouver que tout un chacun peut sombrer dans la folie à cause d’un mauvais jour. Par le biais de cette histoire, les lecteurs sont ainsi pris d’empathie pour cet homme qui, après avoir vécu le pire jour de sa vie, devient fou.

L’histoire principale, quant à elle, est emplie de violence, qu’elle soit physique ou mentale. Il s’agit certainement d’un comics qui n’aurait pas pu être écrit à l’heure actuelle, tant certaines images sont froides et violentes. Avec The Killing Joke, le Joker n’est définitivement plus ce personnage fantasque, ce clown qui tente de piéger Batman à coups de farces et attrapes, il devient un réel psychopathe, d’une nature imprévisible et si proche de la cruauté du monde réel qu’il en devient réellement effrayant.

Ces accents de violence et d’horreur sont naturellement mis en exergue par les dessins de Brian Bolland, dont le souci du détail, tant dans l’expression des visages que dans les décors, apportera la touche finale dans la cruauté des actes du Joker ou, d’un autre point de vue, la cruauté de la vie.

Presque un passage obligé pour tout fan de DC Comics, Batman: The Killing Joke ne révèle sa vraie valeur que lorsqu’on le lit, et on ne peut que vous conseiller d’en faire l’expérience. N’hésitez pas à vous le procurer chez notre partenaire via le lien ci-dessous.

Batman : The Killing Joke
Killing Joke par Alan Moore et Brian Bolland (Urban Comics)

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